Vertical Détour et Ville Evrard.
Dans un Communiqué rendu
public ce matin, "L’hôpital psychiatrique de Ville-Evrard met fin à la
fabrique artistique créée et animée par l’auteur et metteur en scène
Frédéric Ferrer", la compagnie Vertical Détour dénonce : "L’établissement
Public de Santé de Ville-Evrard (Neuilly-sur-Marne) a décidé de ne pas
renouveler sa convention avec la compagnie de théâtre Vertical Détour
qui a créé et anime depuis 10 ans la fabrique des Anciennes Cuisines,
un lieu de création et de résidences, soutenu par la Région
Ile-de-France et le Ministère de la Culture – Drac Ile-de-France
notamment, qui a accueilli de nombreux artistes émergents en théatre,
danse et arts de la rue et organise des activités avec les malades et
personnels de l’établissement."
Frédéric Ferrer vient d'adresser Une Lettre Ouverte aux personnels et patients de l’hôpital de Ville-Evrard.
Il y déclare :
"Cette décision signifie
la fin d’une expérience originale et singulière, dans le paysage
théâtral français, d’un lieu de création dirigé et animé par une
compagnie de théâtre professionnelle au coeur d’un hôpital
psychiatrique.
Cette décision signifie la
fin d'un lieu de résidences qui a accueilli depuis 2005 de très
nombreux artistes et équipes de création en théâtre, danse, et arts de
la rue, notamment les trois compagnies accueillies sur des résidences
longues, très engagées elles aussi dans le fonctionnement de La
Fabrique, la Compagnie PM dirigée par Philippe Ménard, la Compagnie N°8
dirigée par Alex Pavlata, et la compagnie De(S)amorce(S) dirigée par
Thissa d’Avila Bensalah1. La présence des artistes aux Anciennes
Cuisines permettait d’organiser de nombreuses rencontres avec les
personnels et les patients de l’hôpital et donnait sens aux actions et
échanges que nous mettions en oeuvre à leur intention.
Cette décision signifie la
fin des chantiers d’été, ateliers de jeu, d’écriture, de réalisation,
stages de danse, lectures en pavillon, initiatives envers les enfants…
que nous avons mis en oeuvre avec les patients et personnels depuis
2005 en partenariat avec les différents secteurs et services de soins avec lesquels nous travaillons.
Cette décision signifie la
fin de l’utopie d’un espace artistique de création, de liberté, de
rencontre et d’échange au coeur même de l’hôpital. Un « asile »
culturel, tout près des chambres et des couloirs, pour questionner le
monde ou prendre un café.
Cette décision signifie la
fin d'un lieu qui permettait de porter un autre regard sur l’hôpital,
sur ces espaces souvent considérés, et de plus en plus aujourd’hui,
comme des lieux de l’enfermement, de la relégation, de l’étrangeté.
Pourtant, un tel lieu, ouvert sur l’extérieur, accueillant des
spectateurs venus à l’hôpital pour y voir des répétitions ou un
spectacle, était un défi à tous ceux qui stigmatisent aujourd’hui
encore la maladie et la folie, et veulent dresser de toutes parts de
nouvelles barrières.
Cette décision signifie la
fin de la tentative, artistique et sensible, que nous avons voulu mener
visant à questionner le patrimoine architectural exceptionnel de
Ville-Evrard, mémoire de plus d'un siècle de psychiatrie française et
d'internement asilaire, ayant accueilli entre autres des artistes comme Camille Claudel et Antonin Artaud. (..)
Cette décision nous afflige. Nous ne la comprenons pas."
L'atelier du Non-Faire et Maison Blanche