mercredi 4 mai 2022

La résilience un outil au service du système et du capitalisme


De la résilience à la résignation et la soumission il n'y a qu'un demi pas


La philosophie a BHL la psychanalyse Boris Cyrulnik. enfin pas vraiment car s'il se dit psychanalyste il n'est plutot pas pour ...

"« Nous n'avons pas accès à l'inconscient avec nos outils de recherche », se défend Cyrulnik, avant d'attaquer : « Je suis contre la secte psychanalytique, clairement oui. La psy est un outil, mais il y en a d'autres. » Regrette-t-il donc d'avoir été lui-même psychanalyste ? Il se tait longuement. « La psychanalyse m'a servi pour l'authenticité de la parole, elle m'a desservi dans ma relation avec les patients. J'ai dû en angoisser beaucoup avec l'idée selon laquelle il ne fallait pas qu'on entende le son de ma voix. » Il poursuit : « Comment voulez-vous que les psys soignent les gosses des favellas ? Vous les imaginez leur disant : "Allongez-vous sur le divan, désormais vous viendrez deux fois par semaine". C'est obscène. La résilience est un processus de retour à la vie. On sort du dogme psy, on va plus loin. » Boris Cyrulnik est sûr de lui. Et de la résilience." 1


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"J'ai dû en angoisser beaucoup avec l'idée selon laquelle il ne fallait pas qu'on entende le son de ma voix."

Voilà une déclaration fort étonnante puisque le psychanalyste n'est pas celui qui ne parle pas mais celui qui dit ce qu'il faut dire au moment où il faut le dire. (Tout un art et peu en sont capables)

Quant à l'angoisse liée au contre transfert, elle est justement ce qui permet à l'analyste de travailler et de comprendre... C'est sans doute parce que le travail sur le contre transfert est si exigeant pour soi même que beaucoup de ceux qui se disent psychanalystes tentent d'y échapper...

« Nous n'avons pas accès à l'inconscient avec nos outils de recherche »

ah bon ... les rêves, le langage ne sont-ils pas ces outils ? Je l'inviterai à lire le formidable livre de Donald Meltzer : Le monde vivant du rêve

Mais la résilience a pignon sur rue, elle permet de régler le problème une bonne fois pour toute et basta ... la résilience est à la mode... on laisse le passé derrière soi et on avance... Bien sur on oublie que ce passé peut resurgir n'importe quand et n'importe comment et ce, de manière parfois dramatique ... cette histoire que nous sommes sans cesse appelés à répéter...

Comment voulez-vous que les psys soignent les gosses des favellas ? Vous les imaginez leur disant : "Allongez-vous sur le divan, désormais vous viendrez deux fois par semaine" C'est obscène."

C'est ce monsieur qui est obscène, aucun psychanalyste digne de ce nom ne fera jamais ça. La Psychanalyse c'est d'abord avant tout une qualité d'écoute ... d'écoute de la misère et de la souffrance ... le bon psychanalyste est celui qui est capable d'aller jusqu'à la limite de sa propre souffrance, de supporter l'insupportable dit Winnicott... et c'est terrible.
Sans doute la psychothérapie institutionnelle de Jean Oury et François Tosqueles n'intéresse pas Cyrulnik. (2)



François Tosquelles - Lucien Bonnafé - Jean Oury (cliquez sur l'image pour agrandir)

La résilience n'est pas loin du refoulement, la psychanalyse, elle, ne met pas le passé derrière , elle l'épuise le vide de son pouvoir maléfique... 

Je ne suis pas moi non plus une adepte de la secte psychanalytique, je n'y suis pas entrée, mais j'ai su pratiquer l'écoute analytique près des plus défavorisés, enfants, pas des favellas mais de nos propres banlieues...

La psychanalyse qui ne se contente pas de la facilité mais contribue à faire des hommes libres qui pensent par eux mêmes a un aspect beaucoup trop subversif pour être supportée par le capitalisme qui veut des êtres soumis aussi bien à leur pulsions qu'à l'ordre établi.

Aujourd'hui n'importe quel psychiatre, psychologue qui a suivi quelques séances de psychanalyse finira par se dire psychanalyste et le désastre devient grand... Plus qu'une science la Psychanalyse est un art... un art difficile et dangereux pour qui le pratique sans discernement... mais un outil de libération pour qui le pratique courageusement sans peur d'affronter la souffrance d'autrui qui lui renvoie en miroir sa propre souffrance.



Maryvonne Le Gland  Leray  

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